François Vidocq (1775-1857)

Personnage de légende et figure historique


Vidocq est un personnage historique rendu célèbre par la publication, de son vivant, de ses fameux « mémoires », puis par les nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles de sa biographie.

Fils de boulanger né le 24 juillet 1775 à Arras, François Vidocq, blond, de grande taille, quitte la boutique familiale à l’âge de 16 ans en volant la caisse. Il s’engage dans l’armée révolutionnaire. Il combat à Valmy et Jemappes, avant d’être renvoyé dès 1793. Il mène alors une vie de voleur et d’escroc. Elle lui vaut d’être condamné par le tribunal criminel de Douai à huit ans de travaux forcés pour « faux en écritures publiques et authentiques". Il entre au bagne de Brest dont il s’évade, puis au bagne de Toulon dont il part dans les mêmes conditions.

Avec ces aventures rocambolesques naît la légende de Vidocq.

En 1811, le préfet de Police le nomme à la tête de la Brigade de Sûreté, service de police formé d’anciens condamnés et dont le rôle était d’infiltrer le « milieu ». Vidocq réussit pleinement dans cette entreprise. Mais, ses ennemis ne lâchent pas prise et réussissent à le faire renvoyer de la Brigade de la Sûreté. Il y revient pourtant avant d’en démissionner pour fonder une manufacture de papier infalsifiable. Il reprend une dernière fois du service à la Brigade puis la quitte définitivement. Il créée alors, à Paris, le «Bureau de renseignements pour le commerce », première agence de détective.

François Vidocq meurt le 11 mai 1857, rue Popincourt, emporté par le choléra.

Les écrits sur et de François Vidocq


L’œuvre de François Vidocq
• Mémoires de Vidocq, chef de la police de Sûreté, jusqu’en 1827 (4 volumes, 1828-1829).
• Les Voleurs - essai (1836).
• Considérations sommaires sur les prisons, les bagnes et la peine de mort - essai, (1844).
• Les Vrais Mystères de Paris - roman, (1844).
• Les Chauffeurs du nord - roman, (1845).
• Mémoires, suivi de Les Voleurs – Édition Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1998.

Les ouvrages sur François Vidocq
• Maurice B., «Vidocq, vie et aventures», (1858). Témoignage d’un proche de Vidocq.
• Perrin E., «Vidocq», Perrin, Paris, (1995).
• Parinaud M-H, «Vidocq roi des voleurs, roi des policiers», Historia n°637, janvier 2000
• Roy-Henry B., «Vidocq : du bagne à la préfecture», L’Archipel, Paris, 2001.
• Parinaud M-H., «Vidocq : Le Napoléon de la Police », Tallandier.
• Parinaud, M-H. «Vidocq», Éditions Grand Caractère, Paris, 2007.
• Charlot Cl., «La police selon Vidocq» in Dans «les secrets de la police», éditions l’Iconoclaste 2008.
• Connin B., «Mémoires de Vidocq», éditions Vernazobres- Grégo.

Extraits de l’œuvre écrite de François Vidocq


« Considérations sommaires sur les prisons, les bagnes et la peine de mort », 1844.

Une plainte est rendue contre une personne, ou bien l’organe de la société l’accuse ; il est possible pourtant que cet individu ne soit pas coupable; cependant, à moins que son innocence ne soit démontrée d’une manière qui ne permette pas le doute, il faut, que la justice, à la fois sévère et prévoyante, s’assure préalablement de sa personne.

Or, comme cet individu n’est pas en état de punition, comme il n’est encore que soupçonné, et qu’il peut très bien arriver qu’il se trouve innocent, il est sans doute permis de s’étonner qu’il y ait aussi peu de différence entre le régime des maisons de dépôt et celui des maisons d’exécution; l’individu, quoique soupçonné, doit être cependant considéré comme innocent jusqu’à la preuve du contraire.

Eh bien, l’on ne donne à cet homme, que l’on a arraché peut-être mal à propos à sa famille, à ses occupations, que de la paille pour coucher, un bouillon maigre, et une livre et demie de pain noir pour nourriture; on ne lui permet, et c’est là une des plus grandes rigueurs dont on puisse user, on ne lui permet, dis-je, de communiquer avec ses parents et ses amis qu’à travers les barreaux d’une double grille.

Si du moins l’instruction des affaires était moins longue, on pourrait jusqu’à un certain point concevoir les rigueurs que l’on déploie, mais il en est qui durent une année, et quelquefois même plus. (L’instruction de l’affaire dite des quarante voleurs, jugée il n’y a pas longtemps par la cour d’assises de la Seine, avait duré deux ans, et cependant des individus qui avaient subi cette longue captivité préventive furent acquittés. Un ancien négociant, détenu à Sainte-Pélagie sous la prévention de banqueroute frauduleuse, fut, après une captivité préventive de dix-huit mois, condamné seulement à six jours de prison.)

On comprend combien cette attente doit sembler dure à celui qui est innocent, sans que l’on vienne encore ajouter à ce qu’elle a de cruel en lui imposant des privations qu’il serait si facile de faire cesser en consacrant à l’amélioration du sort des détenus préventifs, le produit des diverses amendes imposées aux condamnés.

«Les voleurs, physiologie de leurs mœurs et de leur langage», 1857.
Surfine ou Sœur de Charité


Les voleurs donnent ce nom à des voleuses qui procèdent à peu près de cette manière : l'âge de la sœur de Charité est raisonnable, sa mise décente, même quelque peu monastique, elle fréquente les églises, assiste à toutes les messes, fait l'aumône, fait allumer des cierges, se confesse et communie au besoin ; après avoir quelque temps fréquenté une église et s'y être fait remarquer par sa piété et son exactitude, la sœur de Charité cause avec les employés de l'église et les prie de lui indiquer quelques nécessiteux dignes d'intérêt, car elle est, dit-elle, chargée de distribuer les aumônes d'une riche veuve ; l'un des employés, soit la loueuse de chaises ou tout autre, lui indique aussitôt quelques pauvres auxquels elle donne immédiatement deux ou trois francs, et elle se retire après avoir pris leur adresse et leur avoir promis des secours plus considérables.

Quelques jours après la sœur de Charité se rend chez un des pauvres qu'elle a assisté, et lui dit qu'elle est heureuse de pouvoir lui annoncer que madame la marquise ou madame la comtesse veut bien prendre sa position sa considération, et lui accorder quelques secours; mais, ajoute-t-elle, madame, qui ne veut point que ses bienfaits servent à satisfaire des passions mauvaises, ne donne jamais d'argent. Vous allez me dire ce qui vous manque, et vous l'obtiendrez en nature; elle examine alors les effets de son protégé, fouille partout, car elle veut acquérir la certitude qu'on ne simule pas des besoins que l'on n'éprouve point. Les pauvres honteux possèdent presque toujours, quelques débris de leur fortune passée et qui servent à leur rappeler des temps plus heureux; pendant qu'elle fouille dans les tiroirs, la sœur de Charité sait s'emparer adroitement de ces objets ; cela fait, elle fait sortir le pauvre diable pour le mener de suite chez la noble dame qui veut bien s'intéresser à lui, mais avant d'être arrivés à la destination indiquée elle a trouvé le moyen de s’en débarrasser.

Dans le courant de l'année 1814, deux romanichelles, la mère Caron et la Duchêne, dévalisèrent, en procédant ainsi, un grand nombre de malheureux; elles avaient, à la même époque, commis un vol très considérable au préjudice du brave curé de Saint-Gervais ; ces deux femmes, découvertes et arrêtées par moi, furent condamnées deux mois après la consommation de ce dernier vol.

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